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Que promettent les cinq distributeurs pour soutenir les agriculteurs

L'animatrice Karine Le Marchand a réussi le tour de force de réunir cinq grands patrons de la grande distribution autour de trois actions pour soutenir les agriculteurs. De gauche à droite : Thierry Cotillard (groupement Les Mousquetaires), Philippe Palazzi (groupe Casino), Karine Le Marchand, Alexandre Bompard (groupe Carrefour), Dominique Schelcher (coopérative U) et Guillaume Darrasse (Auchan France).

Regroupés autour de l’animatrice Karine Le Marchand, cinq enseignes de la distribution annoncent au Salon de l’agriculture lancer trois actions pour soutenir les agriculteurs.

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C’est le tour de force qu’a réussi à porter la productrice et célèbre animatrice de l’émission L’amour est dans le pré, Karine Le Marchand. Elle a réuni, le 26 février 2025 au Salon international de l’agriculture, cinq des grands patrons de Carrefour, Auchan, Intermarché Les mousquetaires, Coopérative U et Casino, autour de trois actions pour soutenir les agriculteurs. Leclerc a marqué de son absence. Michel-Édouard Leclerc n’ayant pas honoré l’invitation.

Inaction des politiques

« Je suis très émue et très contente d’avoir réuni ces cinq enseignes. Nous avons travaillé sur trois projets », a-t-elle lancé, ajoutant que depuis 16 ans qu’elle présente l’émission L’amour est dans le pré, « il ne passe rien » et « qu’on allait arrêter d’attendre que les politiques fassent quelque chose ».

Le premier dispositif, dénommé « L’amour est tout près », s’adresse aux petits producteurs en difficulté qui font de la vente directe. Ils pourront prendre contact avec les enseignes des cinq groupes situées à moins de 100 km de leur exploitation et proposer leurs produits.

Producteurs en vente directe en difficulté

« Tous ensemble, nous lançons un appel aux petits producteurs en difficulté, a déclaré Dominique Schelcher, président-directeur général de Coopérative U. Nous allons ouvrir les portes de l’ensemble des magasins pour écouler en direct leur production aux prix qu’ils proposent », sans les négocier. « Le message, c’est osez-nous contacter », a-t-il insisté.

Les enseignes s’engagent à un paiement rapide « au plus tard dans un délai de 30 jours » et sur une relation « durable » avec le producteur. Il pourra être accompagné dans les démarches pour se faire référencer comme fournisseur. Pour pouvoir s’engager dans cette démarche, l’agriculteur doit employer au maximum 2 ETP (hors saisonniers), accepter aussi de faire des animations en magasin et d’ouvrir sa ferme aux consommateurs sur rendez-vous. Il ne doit pas avoir déjà un contrat de vente avec un magasin.

Une mise en avant et une signalétique commune seront mises en place dans les magasins.

Alerte surproduction

Le second volet proposé par les cinq distributeurs concerne les périodes de surproduction de certains fruits et légumes. Basé sur les publications de FranceAgrimer, lorsqu’une filière est identifiée comme étant dans une période de surproduction et de chute des prix pour un produit, les distributeurs s’engagent « à faire le maximum pour écouler les stocks » avec une signalétique particulière. Le dispositif sera accompagné par des alertes dans « les grands médias », que Karine Le Marchand appelle à s’engager en devenant partenaires de l’action.

C’est « une mobilisation générale pour inciter les consommateurs à acheter davantage ces produits » qui est visée. « Le consommateur va prendre conscience de ce qui se passe. […] La conviction qu’on a, c’est qu’il va s’engager », espère Alexandre Bompard, président-directeur général du groupe Carrefour.

Accompagner les filières d’avenir

Dernier volet de l’engagement des cinq enseignes, la création d’un observatoire des filières d’avenir qui s’inscrit sur une vision de plus long terme et qui vise à anticiper l’évolution des attentes du consommateur.

« Même si le consommateur veut acheter français, il se trouve que dans certaines filières nous sommes obligés d’importer parce que la filière n’est pas assez structurée et que les quantités ne sont pas assez suffisantes, […] argumente Thierry Cotillard, président du groupement Les Mousquetaires. Ensuite, le consommateur évolue, il faut une production qui suive ces tendances et le dernier enjeu est climatique, les productions d’aujourd’hui en France ne seront pas celles de demain. »

Les distributeurs veulent pouvoir identifier les filières à accompagner et leur proposer des schémas de contractualisation sur le long terme, au moins sur trois à cinq ans. Karine Le Marchand souligne que tous les acteurs du monde agricole qui souhaitent participer à cette démarche, coopératives, chambres d’agriculture, interprofession, régions… sont les bienvenus. « Les bras sont ouverts », assure-t-elle.

Sécuriser par la contractualisation

« On souhaite cette démarche collective. En exprimant ces besoins collectivement, on sera plus efficace et on aura un effet de volume beaucoup plus important, a souligné Guillaume Darrasse, président d’Auchan France. […] Ce qui est aussi important, c’est la nécessité de sécuriser nos partenaires agricoles avec de la contractualisation, puisqu’une entreprise agricole a besoin d’avoir de la visibilité. »

Le syndicat Jeunes Agriculteurs, par son vice-président Pol Devillers présent à la conférence de presse, « salue cette initiative ». « Ce troisième pilier, c’est un projet qu’on porte. Quelque part, les routes se sont croisées avec notre projet sur les contrats d’avenir, cela ressemble tout particulièrement à cette action. Ce qui nous manquait c’était le maillon de la distribution », a-t-il souligné.

« Un coup de communication »

Karine Le Marchand donne rendez-vous dans un an au Salon de l’agriculture pour faire un premier bilan des bonnes intentions des distributeurs. La veille, l’association nationale des industries alimentaires, l’Ania, dénonçait « un énième coup de communication » de ces derniers, « pour détourner l’attention et faire oublier qu’ils écrasent les prix, les entreprises agroalimentaires et les agriculteurs depuis des années ».

Ils « n’ont qu’une seule action à mettre en place pour soutenir l’agriculture française : appliquer la loi Egalim », fustige l’association. L’Ania demande notamment que les distributeurs stoppent « les contournements par les centrales d’achat européennes » et l’application du principe de sanctuarisation de la matière première agricole.

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